Méchant Nobel, méchant!

Dès l’annonce de la remise du Nobel de la Paix à l’Union Européenne pour avoir  « contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe », nombreuses furent les voix qui s’indignèrent sans prendre une minute de réflexion.
Du côté de Timbales et Carlingues, la surprise fut grande aussi, mais pas nécessairement dans le même sens.

On peut reprocher à certains pays de l’UE d’être de grands exportateurs d’armes, à des fins plus ou moins transparentes. Mais quand on lit que la France (ou l’Allemagne ou le Royaume-Uni car bien entendu, mettons tout le monde dans le même sac, c’est plus simple) est un pays d’assassins corrompus parce que notre gouvernement envoie des armes au Nord Mali ou en Syrie (pour ce cas, rien n’est moins d’actualité d’ailleurs, sauf si l’on se réfère à tous les sites conspis bien au fait du complot impérialiste occidental), le désaccord s’installe immédiatement. Que des intérêts politiciens, fumeux ou non, résident dans ce genre de décision, c’est une chose.

 D'autre part, on peut soutenir, malgré soi ou même consciemment, Bachar Al-Assad ou AQMI, par esprit anticolonialiste parce qu’on voit là l’ombre de l’Occident des Croisades etc. etc. Dans ce cas, il faudrait quand même songer à se sortir la tête du sable (et encore je ne parle pas du fondement de ces grands penseurs alternatifs post-modernes, par bienséance conformiste) plutôt que de continuer à faire l’autruche et à ne jamais nuancer certains propos, quitte à prendre parti indirectement pour des dictateurs à travers le monde.

(pour info, si tu n'as rien à faire, fends toi donc la gueule avec ces échanges sur Twitter)

En revanche, c’est nier l’Histoire que de ne pas vouloir accepter ce qui, aujourd’hui, devient grâce à ce prix une évidence intellectuelle : les pays d’Europe sont en paix, après des siècles et des siècles de guerres fratricides pour des raisons qui peuvent désormais paraître passéistes, désuètes, préhistoriques même.

On peut aussi espérer, pour rejoindre un brin les détracteurs de ce prix, que cela encouragera nos pays en crise économique, politique, spirituelle. Pour justement les voir, prochainement peut-être, lâcher l'accélérateur sur la fabrique des gâchettes et leur distribution à l'international dans un but trop souvent intéressé, au détriment de l'humanisme et du progrès politique, social dans ces pays et dans les nôtres. Un peu comme on espérait en 2009 que le prix, alors décerné à Obama, aurait accéléré le processus de paix au Proche-Orient, par exemple. Soyons alors plus optimistes.

Vouloir regarder en arrière pour comprendre cette décision du comité Nobel vendredi dernier, c’est un peu trop compliqué et ça ne racole pas assez l’internaute, le lecteur, sur les réseaux sociaux où il est toujours plus facile et gratuit de donner une version simpliste, tronquée, putassière et mensongère des faits historiques, sous couvert de rébellion (pré-pubère?) contre le système.

Obscurantisme 1, Rationalisme 0.