mercredi 2 novembre 2011

Libertés de pressions

Tiens, en fait, je me rends compte là, après une bouteille de Chardonnay Monoprice, que je n'avais encore jamais fait d'amalgames trop douteux au sein de cette expérience blogesque ou bloggeuse ou blogienne (rayer la mention utile).

Et d'un seul coup, paf! Charlie Hebdo! Paf! WikiLeaks! et paf le référendum grec!
Quel rapport avec la choucroute de nos ancêtres wisigoths et autres alsaciens qui vivent encore sous le joug du Concordat?
Aucun, madame la Baronne, si ce n'est ce grand et beau principe que l'on sort parfois tel un bouclier inattaquable : la liberté d'expression.




Donc les tout nouveaux locaux de Charlie Hebdal ont été réduits en cendres la nuit dernière.
Il n'aura pas fallu la journée pour que les collègues et concurrents soutiennent le journal satirique "libre-penseur" dans cette nouvelle épreuve.
On ne saurait s'opposer à ces soutiens, comme on ne saurait que condamner l'intolérance religieuse contemporaine ici encore à l'oeuvre.
Dans quel siècle vivons-nous pour que des intégristes (ou modérés, peu importe, bordel!) s'indignent au nom de ce qui n'a rien à voir avec des principes nés ou liés à la totale liberté de conscience prônée justement par la Libre Pensée depuis 1848?
En 2011, on ne peut, en France, pas se moquer d'un putain de prophète? Quelle que fut son étiquette, il y a 1500 ou 2000 ans??
On se fout bien de la gueule des politiques depuis des décennies ; c'est à croire que la séparation des Eglises et de l'Etat n'a fait que renforcer sournoisement le délire mégalo de nos ecclésiastiques, en mode "nous sommes au-dessus des lois de l'Homme" !
La liberté d'expression est un droit, une obligation, même, MAIS il ne faut pas non plus négliger certaines choses liées à cela.

Qu'on s'offusque d'une caricature de prophète parce qu'on se sent atteint dans sa foi, sa conviction et non sa dignité d'Homme, ok.
Mais en quoi est-ce là un abus de la liberté d'expression? La dignité humaine, en tant que telle, n'est absolument pas dégradée: on ne détourne pas une vérité ni l'on n'impose à qui que ce soit une relecture d'un livre sacré, etc.


En revanche, rien à voir, mais quand je vois tout un tas de caves s'indigner de ce qui peut arriver à Assange et/ou à WikiLeaks, là, je me marre.
On pleure la violation de la liberté d'expression.
Mais, pardonnez ma naïveté pleutre: en quoi Assange s'exprime librement, tant dans ses convictions personnelles que dans ses opinions politiques en publiant des câbles diplomatiques de Washington qui, eux, du coup peuvent potentiellement porter atteinte à la dignité, à la vie privée des personnes parfois directement concernées par ces câbles qui n'intéressent, en général, personne??
Moi je vote et je dis qu'il bluffe, d'ailleurs il est pété de pognon, c'est Rue89 qui le dit encore cette semaine, alors!


En revanche, en parlant de vote, c'est vraiment super de voir tous nos pontes ramener leur faces sur un mini-sommet-européen-improvisé-que-c'était-pas-tellement-tellement-prévu concernant le dernier trip de Papandreou: un référendum!
Ho le malade! Ho le barjo! S'en référer à l'ultime avis du peuple en mode "après moi le chaos"? Mais il est taré de vouloir faire respecter, enfin, la liberté d'expression populaire, après les avoir entubés pendant des mois et des mois? Complètement maboule, lui, pour sûr!
D'ailleurs, il semble que Papa fasse marche arrière suite aux pressions du duo franco-allemand en mode "pas de bras? pas d'chocolat" revisité en mode "vox populo? pas d'euro!"...

Bref, tout ça pour dire qu'il y a sans doute liberté d'expression et liberté d'expression.
Elle n'est pas la même pour toutes les bourses ou pour tous les livres ou blogs saints consultés fébrilement au jour le jour, face aux grands principes édictés par les cordons des bourses molles et flanches, par les prophètes aux postillons punitifs et empoisonnés, telle la bave du vilain vieux moche et aveugle, à la fin du Nom de la Rose revu et revisité par Annaud en 1988.

Une dernière pensée pour un illuminé (sur lequel nous reviendrons tôt ou tard parce que je l'adore dans cette caricature qu'il est) qui aurait pu balancer un cocktail (et pas un Mojito!) au siège de Charia Hebdo, alias LeLibrePenseur, qui défend Faurisson, père du négationnisme, "au nom de la liberté d'expression" justement, en s'abritant derrière l'argumentation fumeuse d'un Noam Chomsky, qui ne dit vraisemblablement pas que des conneries, mais pas toujours des choses sensées non plus.
A ce genre d'énergumène, il faut tout de même bien répondre qu'un Faurisson a bien sa liberté d'expression pour lui, mais comme pour tout citoyen, il faut aussi en assumer les conséquences.
Ce même Faurisson avait porté plainte, il y a quelques années, contre Badinter qui l'avait traité de "faussaire de l'Histoire", lors d'une émission télévisée. La Justice l'avait débouté et condamné à payer des dommages et intérêts à  Robert Badinter.
Preuve qu'on a bien le droit de penser et de dire que les chambres à gaz n'ont jamais existé en 40, mais compte tenu du mensonge, de l'atteinte à la mémoire des morts, à la dignité de leurs descendants, hé bien il faut bien payer ce droit à l'élucubration mensongère ignoble. 
Comme on peut espérer que paieront un jour les abominables intégristes qui flambent les rédactions de journaux en France, comme on peut croiser les doigts pour qu'un spectacle puisse avoir lieu sans qu'on foute le feu à une salle de cinéma ou qu'on interrompe une représentation théâtrale au nom de rien, si ce n'est au nom d'un dieu, qui n'a sans doute rien demandé à personne, surtout pas à ceusses comme moi qui n'y croient goutte!


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