dimanche 6 novembre 2011

Guéant et la mémoire courtissime

Cher Claude Guéant de l'Intérieur,

Si j'étais naïf, je me demanderais bien ce qu'il a d'intérieur, votre ministère.
Certainement pas la réflexion.
Pourtant, une introspection serait sans doute nécessaire au locataire de la place Beauvau, mais ce n'est pas comme si ses prédécesseurs lui avaient montré l'exemple.
Nonobstant l'épisode auvergnat d'un Brice en mode casual dans les Landes en 2009 lors de l'université d'été de l'UMP (qui mit, par ailleurs, un sacré foutoir dans la région : je faisais le kéké à l'UCPA à deux pas de là sur une planche qui refusait de me transfuger en une sorte de Bodhi Salver géopolitique), ainsi que l'épisode karcherisant d'un Nicolas battant la campagne en 2006; les mots ont un sens, un poids.


A l'instar d'un Mollande qui reprocha aux pontes de l'UMP de vouloir rétablir le service militaire obligatoire il y a quelques semaines en arguant que c'étaient eux-mêmes qui le supprimèrent (cf. plus bas sur ce blog), oubliant ainsi que ce fut le gouvernement Jospin qui mit en application la fin du service militaire obligatoire en juin 2001, Guéant nous fait une jolie démonstration de trou de mémoire.
Innocemment? Allez, ok, admettons que l'idée n'est pas de stigmatiser les musulmans lorsqu'il caquette que les "intégristes catholiques ne brûlent pas, eux". Admettons... J'ironise hein.

La fourberie est ici double puisqu'il insulte par la même occasion un peu beaucoup la mémoire des victimes de l'incendie de l'Espace Saint-Michel en 1988. Entre autres.
Cinéma qui avait eu pour tort de diffuser "La dernière tentation du Christ" de Scorsese.
Attentat à l'époque revendiqué par un groupe de catholiques un peu frappé de la tronche, rattachés à l'AGRIF, cette belle association sur laquelle nous reviendrons prochainement.

Alors certes, il faut rendre à César ce qui appartient à Guéant: il réagissait à l'incendie de Charlie Hebdo en comparant avec ce qui se passe depuis un bon moment maintenant sur la place du Châtelet autour des représentations de "Sur le concept du visage du fils de Dieu", de Roméo Castellucci.
En effet,  les déglingos du GUD, de l'Agrif et autres fanatiques, nostalgiques de l'Etat Français (qui fit la part belle à l'antisémitisme, l'anticommunisme et l'antimaçonnisme  entre 1940 et 1944, au nom d'une patrie renouant avec ses valeurs chrétiennes exacerbées par 35 ans de séparation des Eglises et de l'Etat) n'ont effectivement pas incendié le théâtre du Châtelet.
Ils ont juste balancé des boulons sur les spectateurs, les ont arrosés d'huile de vidange, etc etc.
Ce n'est pas un attentat comme ce qui a été perpétré au siège de Charlie Hebdo.
Des mecs en bande, en groupuscules qui agressent des gens sortant d'un théâtre national, propriété de l'état, c'est vraisemblablement juste une anicroche aux yeux du responsable de la sécurité intérieure du territoire français.

Cette petite phrase, sortie de son contexte, est tout à fait dégueulasse, mais sans vouloir occulter les crimes de l'Eglise Catholique en France, n'imaginant pas un instant porter atteinte à la mémoire d'un Chevalier de la Barre, d'un Etienne Dolet, Claude Guéant voulait alors sans doute parler des auvergnats, lui aussi.

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